Origines

Origines du Penchak Silat

Que veut dire  » Penchak Silat » ?

Vous allez penser que « Penchak Silat » c’est un nom exotique : non c’est simplement un art martial pratiqué dans le monde Malais : Indonésie, Malaisie, Singapour et Brunei.

Plusieurs orthographes existent pour définir le même art : Pentchak-SilatPenjak Silat ou Bersilat.

Penchak Silat signifie » aptitude à combattre avec des mouvements variés et appropriés » ; Penchak se définit comme » mouvements variés et habile du corps » et Silat comme » art de combattre ».

En Penchak , tous les aspects du combat sont abordés : des percussions, des balayages, des projections, des clés, des luxations, des esquives et du combat contre et avec armes…

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Origines

La légende veut que le Penchak ait été inventé par une femme suite à l’observation d’un combat entre un tigre et un oiseau.

Le Penchak aurait été enrichi par les arts martiaux chinois de part les échanges commerciaux qui il y a eu entre la Chine et la Malaisie à partir du IX eme siécle.

Danser pour défier les colons

L’Indonésie et la Malaisie ont subit le colionalisme avec les Hollandais et ensuite les Anglais et par crainte de rébellion ces colonisateurs interdirent la pratique des arts de combat. Donc, le Penchak s’est pratiqué en secret, et sous forme de danse avec des techniques martiales dissimulées par des mouvements esthétiques et gracieux. Les démonstrations de Penchak sont toujours accompagnées d’un orchestre musical.

Parfois, il y a une confusion lorsqu’on parle du Penchak : de nombreuses personnes pensent que les techniques sont des mouvements chorégraphiés…mais en fait il y a 2 branches :

  • La méthode de combat dure et réaliste dont l’objectif est de tuer l’adversaire : elle n’est pas diffusée au public.
  • La méthode plus traditionnelle consistant à enchainer des mouvements » dansés » souvent dénués d’applications martiales : c’est celle qui est montrée au grand public.

Aperçu technique

150 styles de Penchak sont référencés à ce jour mais tous font appel à des techniques de percussions, des balayages, des projections, des clés, des luxations, des esquives et du combat contre et avec armes…

La plupart des techniques de Penchak sont pensées pour tuer l’adversaire…

Par contre, l‘objectif du Penchak Silat est d’être efficace en combat réel. Les combattants expérimentés utilisent des ruses, frappent exclusivement des points vitaux et savent rentrer en transe afin de ne pas avoir peur et ne pas sentir les coups…

Si vous observez 2 combattants de Penchak en action, il s’observent, se déplacent souvent circulairement et ensuite dès le moment venu, dès qu’ils voient une ouverture, ils placent une succession de frappes fulgurantes.

Les formes codifiées

Comme dans de nombreux arts martaiux il existe des combinaisons codifiées de techniques ( comme les kata du Karaté et les taos du Kung fu) appélées Langka et des exercices de déplacement appelés Jurus.

Certains styles s’inspirent plus que d’autres des mouvements des animaux : le style Harimeau comprend des gestes copiés sur les attitudes des tigres.

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Les armes

Les armes les plus utilisées sont la machette, la lance, les batons courts, l’épée, le Kriss et le Tjabang. Le Kriss est un poignard à lame signueuse aux « vertus magiques » pour les Indonésiens, le Tjabang est un trident en métal composé d’une tige centrale et de deux autres plus petites qui est utilisé par paires pour bloquer des attaques aux batons ou autres armes longues.

L’homme a toujours cherché à se défendre que se soit face aux animaux et aux autres hommes. Toutes les techniques s’inspirent des formes utilisées instinctivement par certains animaux. L’homme a observé, testé et adapté ces techniques à sa morphologie.

Ensuite, les techniques ont progressé vers des techniques réfléchies, en développant des multiples possibilités d’armes offertes par son corps (coups de coude, de genou et clés diverses et variées).

L’intérêt d’une défense collective a poussé les plus experts en combat à réfléchir sur les moyens d’enseigner les techniques aux autres membres de leur entourage. La codification des postures, des déplacements, des frappes et blocages a permis une première approche de l’enseignement des techniques propres à la famille et au village.

Ces techniques ont été peu à peu diffusées et mélangées aux autres techniques, aidées en cela par les multiples migrations et guerres, ainsi que par les mouvements de population.

La rivalité entre les clans et les villages a permis de perfectionner les techniques de défense, d’où l’existence officielle de plus de 150 styles de Penchak Silat.

Les techniques sont utilisées pour se défendre contre tout ce qui pourrait porter atteinte à notre intégrité. Les agressions pouvant être de tout ordre (physiques et psychiques)

la pratique du Penchak Silat permet de se défendre rapidement et efficacement. La connaissance de notre corps et de ses possibilités permet en outre d’accéder à un certain état de sérénité: en effet, le contrôle de la peur et du stress permet de gérer au mieux certaines situations de conflit urbain.

Le Penchak Silat, comme de nombreux arts martiaux asiatiques, est constitué de techniques issues de l’observation des combats d’animaux de la jungle. Par exemple, le Harimo ou style du tigre est l’un des styles les plus ancestraux de Sumatra. Dans ce style, l’accent est mis sur des positions très proches du sol : penché, couché, assis ou accroupi. Les pratiquants d’Harimo apprennent à utiliser leurs mains comme « pieds d’appoints » et leurs pieds comme « mains supplémentaires ».

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Le style Sétia Hati Tératé

Parmi les 150 styles de combat dans l’archipel indonésien, un des styles les plus connu est le Sétia Hati Tératé qui était représenté en Europe par le maître Turjpin, originaire de Java. Le nom de cette école associe deux groupes de mots : Sétia Hati évoque « le cœur fidèle », référence à la fidélité envers les règles suprêmes. Tératé est le nom d’une fleur de Lys aquatique indonésienne, symbole de tranquillité sereine et de beauté, qui peut néanmoins se montrer tout à coup vénéneuse. Ce style a été créé par Ki-Ngabéhi Soherodiwirgo (alias Pak Soéro), né à Java en 1907 et décédé en 1948. Pak Soéro est issu d’une famille princière, et a reçu une éducation très stricte selon la tradition musulmane. Dès son plus jeune âge, il montre des capacités intellectuelles et physiques hors du commun. Son père sélectionne personnellement des maîtres pour veiller à son éducation. A l’âge de 7 ans, il commence à fréquenter le sanctuaire de Pondokan Pesantrem, réputé pour son éducation islamique.

P1020118C’est à ce même âge qu’il fut initié aux techniques de Silat. Il s’entraîne rigoureusement pendant une dizaine d’années et devint le meilleur disciple du Pensantrem, ayant maîtrisé tous les styles, chose rare à l’époque, surtout pour un enfant. A force de recherches personnelles, il aboutit à 30 ans, à une synthèse qu’il intitula Sétia Hati Tératé, célèbre en Indonésie pour sa terrible efficacité. Avec l’autorité de ses maîtres, il quitte le Pesantrem pour aller fonder sa propre école. L’accès à son école est soumis à des tests dont le but est de déterminer le caractère des postulants ; pour mesurer le degré de courage de ceux qui voulaient devenir ses disciples. Il invite les plus courageux à commencer l’initiation dont la base est de ne jamais dire « j’ai mal » ou « j’ai peur ». « Vous ne devez jamais avoir peur, si ce n’est de Dieu » disait-il à ses disciples. L’initiation se déroulait en secret au fond de la jungle dans une Communauté qui rappelait l’atmosphère des monastères. Très tôt le matin, il réveillait lui-même ses disciples, environ une trentaine, qui vivaient sur place. Après la séance de pratique spirituelle, les élèves répétaient pendant pas loin de deux heures la même technique de façon à forcer les disciples à puiser les dernières miettes d’énergie au plus profond d’eux-mêmes.

Après l’entraînement, pendant que le maître se retirait pour méditer, les disciples exécutaient divers travaux ménagers. Puis venait l’heure du repas qu’il servait lui-même. La deuxième partie de la journée suivait le même canevas. Lorsque les japonais envahirent, en 1940, l’Indonésie, il forma une équipe suicide constituée par des pratiquants des 150 styles de Silat. Il devient le chef d’une petite armée qui devait conduire la résistance contre les envahisseurs. Sa tête fut mise à prix pour la somme de 50.000 dollars de l’époque. Les autorités ne pouvant l’arrêter et comme personne ne le dénonçait, les autorités d’occupation prirent sa famille en otage, le forçant à se livrer. Pour sauver sa femme et ses enfants, il se rendit. Il fut exécuté en 1948. Depuis, son nom reste gravé dans la mémoire des Indonésiens. C’est ainsi que la légende s’emparera de lui pour la postérité?