Quels sont les acteurs du harcèlement ?

Le harcèlement est un phénomène de groupe qui réunit toujours plusieurs acteurs : la victime, son ou ses agresseurs et les témoins.
Cette relation triangulaire entre victime, agresseur(s) et témoins est centrale dans le maintien du harcèlement :

  • Le(s) harceleur(s), parvenant à faire de ses camarades témoins les complices de ses actes, installent une relation de domination collective sur la victime.
  • La victime, ne trouvant ni défense ni empathie chez ses pairs, s’enferme très souvent dans l’isolement.
  • Les témoins, en soutenant, encourageant ou faisant semblant d’ignorer le harcèlement, renforcent la violence du harceleur.

LES HARCELEURS

Pour dépasser un sentiment de faiblesse, masquer une image de soi fragile, ou dissimuler une vulnérabilité, les harceleurs s’affirment par la force et l’agressivité.
Afin d’affirmer son désir de puissance et d’assurance, ils désignent une victime qu’ils vont humilier et terroriser.

La crainte qu’ils inspirent à leurs victimes leur permet en effet de se rassurer sur leur pouvoir et de minimiser leurs propres faiblesses. Plus la situation dure, plus les harceleurs se considèrent dans leur bon droit, et deviennent incapable d’éprouver de l’empathie pour leur victime. Le silence des témoins valide ce sentiment de légitimité.
Leur pouvoir apparent peut donner envie à leur entourage de s’associer à eux en prenant également le rôle de harceleur.

LES VICTIMES

Les victimes de harcèlement sont souvent incapables de se défendre face à un agresseur plus puissant, en force ou en nombre.
Faibles et isolées, vulnérables, les victimes ne protestent ou ne dénoncent leurs agresseurs que rarement par :

  • peur des représailles
  • honte d’évoquer leurs mésaventures
  • crainte de ne pas être cru ou soutenu
  • volonté de se débrouiller seul de ne pas passer pour « un gamin »ou « une balance »

Ce silence laisse la voie libre aux pratiques des agresseurs, qui restent impunis suite à cela.

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Mais plus encore, le silence a un impact sur l’état psychologique des victimes :

  • Progressivement, les victimes vont développer un sentiment de honte, de perte d’estime de soi, puis de culpabilité en se sentant responsables des mauvais traitements subis. Elles vont « approuver » les pratiques de son (ses) agresseur(s), pensant que celles-ci sont justifiées et légitimes, puisque tolérées ou encouragées par tous les témoins du harcèlement.
  • Les victimes vont également développer un sentiment d’insécurité permanent, aggravé par la régularité des intimidations physiques ou psychiques.
  • Privée d’empathie et de soutien, les victimes vont s’enfoncer dans l’isolement. Fragilisées émotionnellement et psychologiquement, elles peuvent basculer dans des états dépressifs graves, pouvant aller jusqu’au développement de troubles du comportement et des symptômes suicidaires.

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LES TÉMOINS

Le harcèlement à l’École est un phénomène de groupe, qui place la victime dans une situation d’isolement.
Le harcèlement se maintient car il est soutenu et encouragé par les témoins ou cautionné par leur silence. Les témoins peuvent également, par leur action, mettre fin à une situation de harcèlement.

On peut distinguer trois types de témoins :

  • Le témoin passif. Il ne participe pas directement aux violences, mais il ne s’y oppose pas ou fait semblant de les ignorer. Par peur de devenir victime à son tour, il préfère ne pas attirer vers lui l’attention de l’agresseur.
  • Le témoin actif. Il encourage les situations de harcèlement ou y participe. Colportant des rumeurs, s’associant aux moqueries ou à des actes de violence, il veut affirmer son statut et son appartenance au groupe.
  • Le témoin agissant. Il intervient seul ou en groupe en défendant la victime et/ou en faisant appel à un adulte.

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À l’école, la personnalité de l’enfant et de l’adolescent se forge au contact de ses camarades. La recherche de l’affirmation de soi, et de la construction de son identité, le désir de se rallier à un collectif sont très forts.

Pour mieux s’identifier à ses pairs, un élève peut se laisser entrainer dans une dynamique de groupe. Si le groupe de pairs est un élément de sociabilité indéniable et le plus souvent protecteur, il peut parfois renforcer voire créer des situations propices au harcèlement L’effet d’entrainement et de conformité au groupe peut susciter des comportements et que les élèves ne cautionneraient pas nécessairement individuellement.

* Source : E. Debarbieux, enquête en école élémentaire auprès d’un échantillon de 12 326 élèves au total dans 157 écoles : « Le taux de victimes d’un harcèlement qui cumule violences répétées physiques et verbales à l’école peut être estimé à 11,7 % des élèves, compris entre 4,9 % d’élèves victimes d’un harcèlement sévère à assez sévère et 6,7 % d’élèves soumis à un harcèlement modéré ».